Le créateur de l'application mobile qui met en relation chauffeurs de VTC et utilisateurs est entré en Bourse vendredi dernier. Sa valorisation à 90 milliards de dollars en fait la plus grosse opération de l'année et l'une des plus importantes de l'histoire. Il faut dire que la création d'une application de mise en relation utilisable via smartphone a profondément transformé la notion de la mobilité urbaine. Aujourd'hui, l'introduction en Bourse met l'opérateur sous les feux de la rampe.
A rappeler qu'au départ, les ambitions d'Uber étaient surdimensionnées. Les banques conseils avaient suggéré, il y a plus de 6 mois, une valorisation à 120 milliards de dollars. Sauf que l'opération a été pénalisée par la débâcle (en Bouse) de son rival américain Lyfte.
Introduit fin mars à 72 dollars, le titre de Lyfte se négocie autour de 53 dollars, soit une baisse de 26%. C'est dans ce contexte particulier que Uber a revu ses ambitions à la baisse. La fourchette de prix a été fixée entre 44 et 50 dollars. Au total, la capitalisation d'Uber se situera entre 83 et 91 dollars, estiment des experts.
Aujourd'hui, de nombreux analystes émettent des réserves sur le succès d'une telle opération. Et pour cause, le modèle économique des applications VTC n'est pas clair ni viable à court, moyen et long terme. Certes, le modèle Uber a complètement révolutionné la mobilité urbaine, les villes ou encore le transport à la demande..., mais en même temps, l'opérateur «n'a pas réussi à monétiser cette révolution», analysent des experts.
Le modèle Uber a également connu des relations tumultueuses avec les chauffeurs. Aux Etats-Unis, des conducteurs avaient observé un mouvement de grève le vendredi dernier. Le mouvement concerne également Lyfte, son concurrent. Ce qui confirme que la contestation porte bien sur le modèle économique et non seulement un opérateur. De l'avis d'observateurs, ce mouvement est symptomatique de la relation complexe entre les applications VTC et la communauté des chauffeurs.
En France, de nombreuses manifestations ont ciblé Uber, notamment à cause de l'évolution des commissions que prélève l'opérateur sur chaque course. Le principal problème est lié à la nature du contrat liant Uber à ses chauffeurs. Ces derniers ne sont jamais des salariés à part entière, mais ils ont juste le statut de travailleur indépendant. Pour le modèle économique d'Uber, ce statut de travailleur est fondamental.
Or, pour les travailleurs, la situation peut se compliquer en cas de maladie grave, accidents ou lorsque les rapports avec l'employeur ne permettent plus les conditions de collaboration. Il va sans dire que ces dernières années, les conflits se sont multipliés ainsi que les recours en justice entre ex-chauffeurs et Uber.
Voiture autonome
Le volume d'affaires en instruction est en train de prendre des proportions importantes. Aux Etats-Unis, plus de 60.000 conducteurs ont déposé des demandes d'arbitrage contre Uber. Ce qui pourra occasionner des coûts importants à l'opérateur. Pour éviter ce type de problèmes à l'avenir, Uber est en train de réfléchir à un modèle économique de façon à ce que l'activité ne dépende pas des chauffeurs. Parmi les scénarios envisagés, la voiture autonome, ou sans conducteur. Un vrai challenge!