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Paiements électroniques : Le Maroc passe à l’ère de la concurrence

11 juil. 2025 Maroc Diplomatique

Le marché des paiements électroniques au Maroc s’ouvre enfin à la concurrence, mettant fin à un monopole de longue date. Quatre grandes banques lancent leurs filiales spécialisées, promettant une révolution dans les moyens de paiement grâce à des solutions innovantes, des coûts réduits et une accessibilité accrue pour tous les commerçants.

Le 1er mai 2025 a marqué un tournant historique pour les paiements électroniques au Maroc. Ce jour-là, les filiales spécialisées des principales banques nationales, Attijari Payment (Attijariwafa Bank), Damane Cash (Bank of Africa), Chaabi Payment (groupe BCP via M2T) et Lana Cash (CIH Bank), ont officiellement lancé ou renforcé leurs activités suite à la décision du Conseil de la concurrence, prise fin 2024, mettant fin au monopole du Centre monétique interbancaire (CMI), comme l’indiquent plusieurs spécialistes.

Le CMI, unique acteur jusque-là sur le marché, est désormais cantonné à un rôle technique de processeur national. Cette ouverture du marché crée un environnement concurrentiel inédit, appelé à réduire les coûts, encourager l’innovation et favoriser la généralisation des paiements par carte sur l’ensemble du territoire marocain, selon les analystes du secteur.

Désormais, ces nouveaux acteurs peuvent équiper les commerçants en terminaux de paiement électronique (TPE), proposer des solutions de paiement en ligne et traiter directement les transactions dans un cadre réglementé. 

Cette libéralisation s’accompagne du plafonnement des frais d’interchange fixé par Bank Al-Maghrib, ainsi que d’un transfert progressif des contrats clients du CMI vers ces nouveaux acquéreurs, processus prévu jusqu’en novembre 2025.

Parmi eux, Attijari Payment, premier agréé en mars 2025, déploie déjà une offre complète englobant TPE et solutions e-commerce. Selon les médias, Damane Cash s’appuie sur un réseau de 4.200 points de service pour offrir des solutions accessibles aux commerçants, artisans et hôteliers, avec un fort ancrage local. 

Chaabi Payment vise un large éventail de clients, des PME aux grandes enseignes, avec une approche multicanale combinant TPE, caisses intégrées et commerce en ligne. Lana Cash, rattachée à CIH Bank, a obtenu le statut d’acquéreur de plein exercice, lui permettant de gérer directement les flux des cartes nationales et internationales dans une infrastructure interopérable.

Cette nouvelle concurrence oblige les acteurs à composer avec des marges resserrées tout en répondant à des exigences technologiques et qualitatives élevées. Le succès dépendra non seulement des tarifs pratiqués, mais aussi de la capacité à offrir un accompagnement sur mesure et à intégrer les solutions de paiement dans l’écosystème des commerçants, précisent les spécialistes.

Pour les professionnels, cette ouverture signifie une baisse des coûts, une diversification des offres et une meilleure accessibilité aux paiements électroniques, notamment dans les zones rurales. 

Elle favorise aussi la bancarisation et la réduction du recours au cash, qui reste pourtant majoritaire malgré une augmentation de 12 % du nombre de cartes en circulation, désormais au nombre de 22,6 millions à fin 2024.

Le transfert progressif des contrats du CMI vers les nouveaux acquéreurs doit s’achever d’ici novembre 2025. D’ici là, ces derniers doivent structurer leurs équipes, former leurs agents et convaincre les commerçants de passer à cette nouvelle génération de paiements électroniques.