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La SCR cherche sa voie hors des frontières

26 sept. 2019 L'Economiste

Lorsque vous perdez le contrôle sur plus de 2/3 de votre chiffre d'affaires, le risque de disparition est élevé. La fin de la cession légale aurait pu plonger la Société Centrale de Réassurance, voire la condamner mais, le réassureur a su résister à la disparition de ce qui constituait alors sa principale source de revenu, l’équivalent de 4 milliards de DH.

Pour rebondir, il s’est attaqué à ses faiblesses pour rester compétitif. «Nous avons amélioré nos prestations de services. Nous réalisons un baromètre de satisfaction client tous les six mois et travaillons sur un processus d'engagement service», assure Youssef Fassi Fihri, directeur général de la SCR. En outre, le réassureur s'est entouré de nouveaux talents pour conduire son plan de transformation «Strong».

Des talents de diverses origines, complète Youssef Fassi Fihri. «Lorsque j’ai démarré, nous avions une seule nationalité à la SCR, maintenant, nous en avons sept». L'effectif atteint 130 personnes dont une douzaine d'actuaires et une quinzaine d'ingénieurs.

En 2018, le réassureur marocain a dégagé un bénéfice de 300 millions de DH pour un chiffre d’affaires de 2 milliards de DH. Les primes émises dans le cadre du Gentleman Agreement signé avec les compagnies se sont limitées à 544 millions de DH. Globalement, les affaires conventionnelles marocaines ont généré un revenu de 1,5 milliard de DH. La contribution de l’international s’est établie à 444 millions de DH, soit 23% des revenus du réassureur. Le plan de transformation en cours de préparation vise à inverser cette structure du chiffre d'affaires.

A terme, l'objectif est de relever la part de l'international à 2/3 des revenus, confie le directeur général. La SCR a installé des bureaux à Abidjan, au Caire et à Kigali. Son développement à l’international passe aussi par la prise de participation dans le capital d’un certain nombre de réassureurs. Elle a acquis 20% de Sen Re, 5% du libanais ArabRe et 2% du nigérian AfricaRe. Le réassureur a par ailleurs mandaté une banque d’affaires pour lui chercher d’autres opportunités en Afrique et au Moyen-Orient.

Pour accélérer son expansion, la SCR doit entre autres améliorer son rating. «Le combat le plus difficile pour un réassureur de notre taille est de trouver des mécanismes pour disposer d'un rating favorable », concède Fassi Fihri. L’objectif est d’avoir une note au-dessus du souverain. Actuellement, la Société Centrale de Réassurance est notée AAA par Fitch sur le marché marocain mais, sa notation auprès de AM Best (l’agence de notation de référence du secteur des assurances) est B++.

Pour passer à l’étage supérieur, «il faut trouver les possibilités d’aller vers la notation qu’on recherche et avoir plus d'options pour les placements», indique le management du réassureur marocain. Pour lui, la SCR dispose actuellement d'une belle fenêtre de tir pour se développer en Afrique et au Moyen-Orient.

En attendant, les risques émergents notamment le risque d'image et le cyber risque ouvrent des opportunités de développement du business pour les réassureurs. Sur le cyber risque, la SCR élabore avec deux assureurs une solution mass market destinée aux PME.

Par ailleurs, le réassureur travaille sur la mise en place de nouvelles lignes de métier, notamment sur la violence politique. «Il y a de l'appétit pour des entreprises qui se déploient dans certains pays de se prémunir contre ce type d'événement», relève le patron de la SCR. Le réassureur veut aussi développer son expertise sur les garanties financières qui sont accordées sur les projets immobiliers en Afrique de l'Ouest notamment.