Toute la cote va basculer à la publication des indicateurs d'activité sur une fréquence trimestrielle avec effet immédiat sur les comptes clos à fin juin. Le projet a pris plusieurs années avant d'aboutir.
C'était une requête persistante des investisseurs et des professionnels de marchés qui ont très peu d'occasions pour collecter des informations sur les entreprises du Masi et pour interagir avec les dirigeants. Jusqu'ici, seul un petit club composé des banques, Maroc Telecom, Mutandis et quelques autres émetteurs est rodé à la publication trimestrielle. Pour le reste, surtout les entreprises de taille moyenne, cette «révolution» va entraîner toute une organisation et quelques contraintes supplémentaires. La généralisation de l'exercice à l'ensemble du marché va contribuer à limiter les mauvaises surprises liées aux profits warning tardifs. Des pratiques qui décrédibilisent le marché et expliquent pour une partie la désaffection des investisseurs. Les transactions sur le marché ont significativement baissé ces dernières années.
Les changements dans le planning de communication des entreprises cotées ne s'imposeront pas aux entreprises inscrites sur le marché alternatif, en cours de création. Par ailleurs, le passage à une fréquence trimestrielle impactera les délais de publication des comptes semestriels et annuels. Les états de synthèse trimestriels doivent être publiés dans les deux mois suivant la clôture alors que ce délai est de trois mois pour les comptes semestriels et annuels. Pour ne pas avoir à effectuer deux communications distinctes (trimestrielle puis semestrielle ou annuelle), les émetteurs seront amenés à effectuer une seule communication qui rassemblera les deux périodes, ce qui réduira donc les délais à deux mois maximum. Aujourd'hui, au moins 2/3 des résultats semestriels et annuels sont publiés deux semaines avant la date limite, soit la deuxième quinzaine de septembre et de mars. Avec les nouvelles obligations, le marché pourrait avoir le bilan de santé de l'essentiel de la cote au plus tard fin août et fin février.
Au-delà du rapprochement des périodes de prise de parole, le régulateur s'attaque aussi au contenu des publications des entreprises cotées. Plusieurs d'entre elles sont davantage dans la communication que dans l'information, c'est-à-dire qu'elles sont plus enclines à amplifier quelques aspects positifs, même lorsque les indicateurs clés sont en berne. Elles omettent de commenter les contre-performances. Le gendarme de la Bourse fixe les informations minimum que doivent contenir les indicateurs trimestriels d'activité et financiers des émetteurs. Ceux-ci ont la latitude de commenter tout autre indicateur qu'ils jugeront pertinent. Ces éléments doivent être utilisés de manière continue pour assurer leur comparabilité dans le temps. Tout changement doit être justifié. Les informations communiquées au marché doivent être disponibles pendant au moins cinq ans sur le site internet de l'émetteur.
Pour les entreprises, l'investissement le plus important sera en matière d'organisation puisque c'est un changement important par rapport aux pratiques actuelles. Cela dit, elles étaient préparées à cette éventualité depuis quelques années déjà.