Les ondes de choc du ralentissement de la croissance allemande se propageront jusqu’au Maroc. Le Royaume sera indirectement touché parce que ces principaux partenaires (la France et l’Espagne) ne sortiront pas indemnes de la baisse de régime du moteur de l’économie européenne. Le PIB de la zone euro progressera de 1,1% en 2019 puis ralentira à 1% en 2020 selon Euler Hermes.
Les perturbations à l’international continueront de peser sur le commerce mondial et donc sur les exportations marocaines. «Le régime de basse croissance des exportations va se perpétuer en 2020», prévoient les économistes d’Euler Hermes. Les débouchés additionnels représenteraient seulement 10 milliards de DH dont 2 milliards de DH sur le marché espagnol et 1 milliard de DH en Inde.
La demande en provenance de la France et de l’Italie augmenterait de 1,3 milliard de DH. Les secteurs Chimie et Agroalimentaire capteront plus de la moitié de la demande additionnelle. Si la croissance des exportations patine actuellement, le Maroc devrait capitaliser dans les années à venir sur le renforcement de ses relations avec plusieurs économies, notamment africaines. Il pourrait être l’un des principaux bénéficiaires de la future zone de libre-échange africaine.
A l’horizon 2030, les gains à l’exportation sont estimés à 50 milliards de dollars. Ils sont du même acabit pour l’Egypte et le Ghana. Dans les pays exportateurs de pétrole, ils pourraient atteindre 89 milliards de dollars pour le Nigéria et 77 milliards de dollars pour l’Angola. Les débouchés additionnels sont estimés à 133 milliards de dollars pour l’Afrique du Sud.
A court terme, le moteur de la demande interne doit plus que jamais tourner à plein régime dans le contexte de ralentissement de la croissance mondiale. Pour cela, il faudra aider les entreprises à retrouver confiance pour relancer l’investissement.
En dehors des dépenses des ménages, l’investissement privé, surtout les PME, ne joue pas pleinement son rôle. La politique monétaire et les incitations introduites dans les dernières lois de finances n’ont pas suffi à relancer la machine. Peut-être que les remèdes ne sont pas appropriés aux principales préoccupations des chefs d’entreprise.
La croissance mondiale coincée entre le conflit sino-américain et le Brexit
PREMIÈRE économie de la zone euro, l’Allemagne, très dépendante des performances du commerce mondial, a perdu 0,1% de PIB au deuxième trimestre. Entre la guerre commerciale sino-américaine, l’incertitude autour du Brexit et les mutations dans le secteur automobile, le pays montre des signes de faiblesse qui inquiètent toute l’Europe.
Dans le meilleur des cas, son PIB progresserait de 0,6% en 2019 et 2020 selon les prévisions d’Euler Hermes, loin des 2,1% en moyenne les deux années précédentes. En dehors de leurs problèmes internes, la France, l’Italie et l’Espagne vont ressentir les contrecoups de la baisse de régime du moteur allemand et plus globalement de l’économie mondiale.
Entre les quatrièmes trimestres 2018 et 2020, le PIB mondial progressera en dessous de 3%, sa plus longue période de croissance aussi faible depuis 1991-1993, prévoient les économistes d’Euler Hermes. Le protectionnisme américain est loin de servir ses intérêts. La croissance diminuera de 0,5 point en 2019 à 2,4% et poursuivra son ralentissement en 2020 (-0,8 point) à 1,6%. En Chine, elle restera autour de 6%, mais la courbe s’oriente irrémédiablement sous ce seuil.
Ce contexte peu favorable sera fatal pour de nombreuses entreprises. Parmi les entreprises réalisant au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, un nombre de 243 défaillances a été enregistré sur les trois premiers trimestres de 2019.
Ces entreprises pèsent 141 milliards d’euros de chiffre d’affaires contre un revenu cumulé de 106 milliards d’euros pour les défaillances enregistrées sur la même période en 2018. De façon générale, Euler Hermes anticipe une hausse de 8% des défaillances en 2019 et 2020.