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Bourse de Casablanca: Le marché cale après six mois de hausse

24 juin 2025 Maroc Diplomatique

Après une progression soutenue depuis le début de l'année, la Bourse de Casablanca marque le pas. L'indice MASI accuse une baisse hebdomadaire de 2,5 %, entraînant avec lui le MASI 20 (-2,74 %). 

Si la tendance annuelle reste solidement haussière (+21,55 % ytd), cette correction soulève des interrogations sur les ressorts de la dynamique boursière marocaine et les perspectives à court terme.

La semaine du 16 au 20 juin 2025 a mis fin à une série d'avancées quasi ininterrompues sur le marché casablancais. 

Le MASI, principal baromètre de la place, a cédé 2,5 %, ramenant sa performance annuelle à +21,55 %. Le MASI 20, indicateur des plus grandes capitalisations, recule plus fortement encore, à -2,74 %, tout en conservant une progression de 23,09 % depuis janvier.

Ce repli, s'il peut paraître marginal au regard de l'élan haussier amorcé depuis le début de l'année, intervient dans un contexte de volumes significatifs : 205,84 millions de dollars échangés sur le marché central. 

Les valeurs les plus liquides demeurent TGC (30,22 M\$), ATW (21,52 M\$) et MSA (17 M\$), confirmant l'appétit des investisseurs pour les poids lourds de la cote.

La semaine a été marquée par une polarisation accrue entre les valeurs en progression fulgurante et celles subissant des prises de bénéfices marquées. En tête des hausses, INV s'adjuge +37,84 % pour s'établir à 130,95 MAD, suivi par IBC (+30,18 %) et STR (+27,62 %). 

Ces progressions spectaculaires traduisent une rotation sectorielle vers des valeurs à plus faible capitalisation, souvent délaissées en période d'euphorie généralisée.

À l'inverse, certaines grandes capitalisations ont subi une correction notable : ADI (-7,4 %), SOT (-6,79 %) ou encore CFG (-6,57 %). Des baisses qui témoignent d'un retour à une logique de valorisation plus prudente, dans un contexte de valorisations tendues : le PER anticipé du marché pour 2025 s'élève à 20,7x, un niveau élevé par rapport aux standards historiques de la Bourse de Casablanca.

Ce recul technique ne remet pas en cause les fondamentaux qui sous-tendent la dynamique actuelle du marché. Le Maroc continue de bénéficier d'un environnement macroéconomique relativement favorable : croissance projetée à 3,9 % en 2025, amélioration des équilibres budgétaires, maîtrise de l'inflation et résilience des secteurs exportateurs (automobile, phosphates, agriculture à haute valeur ajoutée).

La stabilité politique et les réformes sectorielles engagées – notamment dans les domaines de l'investissement public, de la transition énergétique et de l'attractivité logistique – continuent par ailleurs de rassurer les investisseurs institutionnels et de soutenir la confiance sur les marchés de capitaux.

Une correction technique salutaire ?
Ce reflux du MASI pourrait s'apparenter à une respiration technique dans une séquence haussière prolongée. Après plus de 20 % de progression en six mois, le marché avait besoin d'un réajustement pour consolider ses gains. 

Les investisseurs semblent désormais privilégier une approche plus sélective, arbitrant entre les valeurs surévaluées et celles présentant encore un potentiel de rattrapage.

L'absence de bloc trades durant la semaine peut également être interprétée comme un signal de prudence des gros porteurs, dans l'attente de catalyseurs plus nets — notamment sur le plan des résultats semestriels, des annonces macroéconomiques ou d'une clarification sur l'évolution des taux directeurs.

L'évolution des prochains mois dépendra en grande partie de la trajectoire des grandes variables économiques, tant au niveau national qu'international. 

Le niveau relativement élevé de valorisation laisse peu de marge à l'erreur en cas de ralentissement économique ou de choc externe. Dans ce contexte, les arbitrages se feront sur la base de la qualité des fondamentaux, de la visibilité sur les résultats et de la capacité des entreprises à générer de la croissance rentable.

La poursuite des politiques de soutien à l'investissement et l'implication croissante du capital-investissement dans l'accompagnement des PME cotées pourraient également offrir des relais de croissance structurels au marché.