
L’environnement reste encore difficile pour l’entrepreneuriat féminin. Malgré tout, les entreprises dirigées par des femmes s’en tirent aussi bien que celles aux mains des hommes
Le yoyo de la croissance affecte l’évolution des entreprises et sapent le moral des patrons. Dans ce tableau un peu sombre, les entreprises dirigées par des femmes se comporteraient mieux que celles aux mains des hommes, selon une enquête d’Inforisk.Les entreprises dirigées par des femmes ont amélioré leur chiffre d’affaires de 4,3% en moyenne par an entre 2011 et 2015 contre 2,9% pour leurs homologues masculins sur la même période. L’enquête porte sur un échantillon de 3.150 entreprises dirigées par des femmes, principalement des TPE réalisant en moyenne un chiffre d’affaires de 5,7 millions de DH. Le revenu médian se situe à 760.000 DH.
Celles-ci sont davantage sensibles à la qualité des relations au travail et accordent plus d’importance à l’ambiance au bureau. Le niveau des salaires participe à l’amélioration du climat au bureau. La masse salariale dans les entreprises gérées par des femmes a augmenté de 8,2% en moyenne entre 2011 et 2015 contre 7% dans les sociétés présidées par des hommes. «Les femmes sont plus compréhensives, plus souples, davantage à l’écoute et s’inscrivent dans le partage. Plus globalement, l’on retrouve des qualités typiquement féminines dans leur mode de management et cela marche», relève Nora Lahbabi, directrice business development à Inforisk.
Mais attention, le rythme de progression des salaires dans les deux catégories d’entreprise est décalé par rapport à la croissance du chiffre d’affaires, ce qui peut être une source de fragilité. Par contre, la dette reste maîtrisée surtout dans les entreprises pilotées par des femmes. Le gearing (rapport entre la dette et les fonds propres) se situe en moyenne à 10%. Il s’établit en moyenne à 35% dans les établissements où il y a un patron. Ce décalage tient en partie à un certain nombre d’obstacles qui compliquent l’accès au financement aux femmes dirigeantes. «Les partenaires habituels de l’entreprise, c’est-à-dire le banquier ou encore le fournisseur, accordent moins de crédibilité, surtout quand les femmes opèrent dans des métiers «masculins». Ils privilégient la relation avec un homme car c’est plus rassurant», confie une ex-patronne.
Sur les délais de paiement qui asphyxient les entreprises, la situation reste critique partout, aussi bien dans les sociétés gérées par des hommes que dans celles managées par des femmes. En 2015, les délais clients moyens se sont établis à 135 dans les structures dirigées par les hommes et 157 dans les sociétés tenues par des femmes.