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La reprise du commerce mondial des marchandises pourrait être de courte durée

23 févr. 2021 Libération

Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la forte reprise du commerce des marchandises observée au cours des deux derniers trimestres pourrait être de courte durée. Rien ne serait donc gagné. Pourtant, les données recueillies par l’organisation internationale montrent que le commerce mondial de marchandises a continué d’augmenter fortement au quatrième trimestre 2020, après une reprise au troisième trimestre suivant l’effondrement lié à la Covid-19.

Selon le dernier baromètre du commerce des marchandises de l’OMC, la croissance du commerce international est en dessous de la moyenne puisque l’indice global se situe à 103,9 contre 100,7 en novembre 2020, «signe d’une nette amélioration du commerce des marchandises depuis qu’il a fortement chuté au premier semestre de l’année dernière». Dans son nouveau rapport rendu public jeudi 18 février, l’institution chargée d’édicter les règles régissant le commerce mondial a toutefois prévenu que «ce rythme d’expansion ne devrait pas se maintenir au premier semestre 2021 puisque les principaux indicateurs avancés semblent avoir déjà atteint leur point maximal». En effet, si tous les indices des composants sont soit au-dessus de la tendance, soit à la tendance, il reste que «certains montrent déjà des signes de décélération tandis que d’autres pourraient baisser dans un proche avenir», souligne l’organisation. L’OMC estime, en outre, que «l’indicateur pourrait ne pas refléter pleinement la résurgence de la Covid-19 et l’apparition de nouvelles variantes de la maladie, qui pèseront sans aucun doute sur le commerce des biens au premier trimestre de 2021».

Après avoir atteint récemment un sommet, les indices des commandes à l’exportation (103,4) et des produits automobiles (99,8), qui comptent parmi les indicateurs avancés les plus fiables pour le commerce mondial, ont tous deux commencé à perdre de leur élan, constate l’organisation internationale. Concernant les indices du transport maritime par conteneurs (107,3) et du fret aérien (99,4), le dernier baromètre de l’OMC indique qu’ils «continuent d’augmenter, bien que les données sur les fréquences les plus élevées suggèrent que le transport par conteneurs a chuté depuis le début de l’année». Selon l’organisation internationale, «si les indices des composants électroniques (105,1) et des matières premières (106,9) sont fermement supérieurs à la tendance, cela pourrait refléter un stockage temporaire des stocks».

Dans l’ensemble, le gendarme du commerce soutient que «ces tendances donnent à penser que la dynamique ascendante du commerce pourrait être sur le point de culminer si elle ne l’a pas déjà fait». Il est à souligner que le volume désaisonnalisé du commerce mondial de marchandises a rebondi au troisième trimestre de 2020, suite à une profonde récession enregistrée au trimestre précédent. Comme le souligne l’OMC dans son dernier rapport, cette récession a été «stimulée par la hausse des exportations en Asie et l’augmentation des importations en Amérique du Nord et en Europe». Le même document relève cependant la baisse de 5,6% du commerce des biens au troisième trimestre par rapport à la même période en 2019 après avoir chuté de 15,6% au deuxième trimestre. Bien qu’encore très importantes, l’organisation mondiale du commerce affirme que ces baisses sont moins sévères que de nombreux analystes ne le craignaient au début de la pandémie.

Pour rappel, «les dernières prévisions commerciales de l’OMC du 6 octobre 2020 prévoyaient une baisse de 9,2 % du volume du commerce mondial de marchandises en 2020». Mais à en croire l’organisation, tout porte à croire que la baisse réelle pourrait être légèrement moins sévère. Soulignons enfin que les perspectives du commerce mondial des marchandises pour 2021 et au-delà «sont de plus en plus incertaines en raison de l’incidence croissante de la Covid-19 dans le monde et de l’émergence de nouvelles variantes de la maladie», craint l’OMC estimant toutefois que le rétablissement dépendra dans une large mesure de l’efficacité des efforts de vaccination.